Au secours habitants comme moi de la ville !
Assistons-nous, que nous ne soyons pas obligés de vivre parmi des hommes qui par ambition démesurée ordonnent que la musique se taise, les rideaux se referment sur des scènes vidées, les corps et les esprits se séparent, les pinceaux se figent, les paroles se brouillent, les gestes se pétrifient, le vin se gâte et nos palais perdent le goût.
Demandons-leur des comptes sur ce qu'ils veulent faire de nous, de nos quartiers, sur ce qu'ils ont déjà défiguré, détruit, sur ce qu'ils ont enterré et qui faisait notre joie.
Demandons-leur des comptes pour les temps passés et les temps à venir.
Puissions nous former les rangs et hanter leur sommeil !
Ils ont peu à peu rétréci notre espace et maintenant ils veulent confisquer puis détruire ce que nous avons rendu à la vie.
Ils ont changé les lieux où enfants nous jouions, sautions à cloche-pied ou rampions sous les bancs. Jamais ne pardonnerons !
Ces croque-morts hideux avancent et leurs pas s'accélèrent mais
nous allons devant. Ils sont souvent vainqueurs dans la dévastation mais nous n'avons pas peur, nous sommes l'espérance.
Nous voulons une ville où les quartiers seraient comme autant de villages, où dehors on aurait des jardins où des tables attendraient sous de vieilles tonnelles, où sauteraient de magnifiques saltimbanques, où couleraient les fontaines du jeu, où brilleraient des statues indomptables mêlées aux fruits de l'abondance, aux improbables fleurs...
Ces croque-morts hideux avancent et leurs pas s'accélèrent mais nous allons devant. Ils sont souvent vainqueurs dans la dévastation mais nous n'avons pas peur, nous sommes l'espérance…
Nicole Cardinali - septembre 04