Saorge.

 

Première remarque minuscule en passant : je suis très sensible à l'appareillage des pierres et à l'assemblage des couvertures des toits des maisons, vu de loin, vu du monastère de Saorge. Les toits sont en lauses violettes, des lauses aux formes irrégulières. Comment rendre étanche les toits des maisons avec des plaques de pierre aux formats si différents si bruts si irrégulier qui nécessitent des pièce métalliques compliquées pour maintenir les blocs dans la pente du toit: on voit ces ferraillages dépasser de toutes parts .Quand on sait la fantaisie du voyage incontrôlable de la pluie qui ruisselle... Car ce village, se sont ses toits minéraux chapeautant des murs accrochés à l'abrupte de versants qui s'entrecoupent avec une telle harmonie que l'on oublie la chute. Accrochage de lauses, accrochage des murs agrippés à la montagne. On n'ignore pas l'eau des vallons mais c'est l'eau des nuages qui s'intercalent en brume entre les sommets qui se conjuguent qui attirent mon regard. La direction c'est le haut, le vertical minéral et l'accrochage des maisons. De loin quand on regarde « la carte postale du village » on se demande si on ne doit pas passer à l'égyptienne entre les maisons et surprise sur place dans le village tout est confortable et vert. Dans le village, le fourreau de végétales domine et remplace la domination du minéral de la vision décentrée que j'avais du monastère. Dans un tel paysage, on se laisse supposer des humains apaisés certainement à tort mais on le pense comme ça par facilité, on le souhaite. Le territoire faisant l'homme. Nous sommes la mer, l'étang, la forêt, le puits, la montagne de notre lieu de naissance et notre langage l'est aussi, naît ainsi. Et la on leur suppose plus de chances que d'autres ailleurs, plus d'obstination. Et puis, autre fait minuscule ...cette rencontre, ses paroles d'un individu en partance que j'entends dire qu'il passe des montagnes de Saorge à la mer des côtes corses pour garder l'amplitude.