Les diables bleus verticaux, horizontaux ou diagonaux ?
Pour commencer mon propos, je vais définir ce que j'entends par les différentes notions du titre.
En préambule, je tiens à dire que bien que nous ayons cru parce que ça nous aidait à survivre que les bâtiments pouvaient bien disparaître, que les diables bleus était avant tout une belle construction humaine, je suis bien obligé aujourd’hui d’admettre la prédominance de la quantité de territoire occupé dans mes essais de classification.
1 L'horizontalité se définit par un système léger qui permet l'association d'une masse d'individus en connexion pour des moments festifs ou des avantages communs. Son intérêt c'est l'organisation de concentration de gens , investir des espaces pour des rencontres à un moment donné pour le plaisir, une exposition, de la danse, un spectacle, un concert, un marché…
C'est ce que nous avons vécu au MAMAC lors de la soirée Téléglouglou . J’y ai éprouvé personnellement des sentiments très contradictoires intenses, allant de l'éphémère joie des retrouvailles d’une impensable quantité de gens à l'écoeurement d'avoir perdu le contact quasi quotidien avec tout ces gens.
Un exemple d'horizontalité ce sont les rendez-vous que les gens peuvent se donner grâce à Internet en un lieu donné pour une action donnée.
Ce système ne nécessite aucune organisation compliquée, il fonctionne sur la communication : Internet (genre Piedanlepla), le bouche-à-oreille, l’affichage en ville…
Des gens appartenant à de petits groupes homogènes peuvent être rassemblés par un minimum d' « organisateurs aiguilleurs » comme pour le Carnaval Indépendant ou Santa Capellina.
À l'issue de ces rassemblements chacun retrouve l'isolement de son lieu si on en a un et son groupe homogène restreint et il n'est plus question là de transdisciplinarité et d'échanges permanents. On est dans la discontinuité sans lourdeur administrative, sans tâches collectives accablantes. Ce système ne requiert pas un vaste territoire permanent un bureau avec internet suffit. Il ne sape en rien le système politique et social dominant ; il l’accompagne agréablement.
Pour gérer l'horizontalité il faut : informer, diffuser, gérer un site Internet afin de mettre en réseau des lieux séparés et s’arranger avec ce qui existe.
2 La verticalité se définit par un système caractérisé par la continuité et l'hétérogénéité. C'est gérer ensemble tout un monde d'échanges et de rencontres dans la diversité des points de vue pour éventuellement tester des modes de vie qu'il faut codifier. Ca implique la lourdeur des négociations, les difficultés à légiférer, à choisir avec des gens différents, d’âges différents. Il se pose souvent des problèmes de démocratie interne pour la gestion d'un territoire vaste permanent .Il est évident que l'.étendu de ce terrictoire doit être adapté au nombre des occupants. Un terrictoire démesuré par rapport aux nombre des occupants est ingérable.
Sans territoire vaste, la verticalité ne peut pas fonctionner convenablement car se créent inévitablement des tensions dans le groupe humain qui peut devenir un « panier de crabes » sans issue d’évasion. Les gens migrent alors logiquement vers un système horizontal.
Les efforts importants demandés par la verticalité ne sont possibles que si l'on gère une puissance : c'est-à-dire un vaste territoire adapté. Il s'agit d'une réunion de coadministrateurs jouissant d’espaces suffisants.
La gestion de la verticalité nécessitée des réunions, des tâches d'entretien des lieux, des débats sur le comportement…
La verticalité permet de subvertir le système général par l'essai d'un système autogestionnaire. Elle a une vision et des visées politiques : elle fait fonctionner un vaste territoire dans les conditions réelles de la vie c’est à dire dans la contradiction et parfois l'affrontement négocié. C'est le chemin le plus difficile qui a paradoxalement si bien convenu aux Diables Bleus dotés il faut le dire d'un très bel espace.
3 La « diagonalité » c'est la tendance mixte, l’arrangement provisoire: une apparence de verticalité légiférante dans des réunions régulières avec parfois la tentation d’un zeste de sélection car le territoire trop petit ne permet pas la dilution et crée des tensions. On retrouve cette tentation de sélection dans la question « collectif de projets opposé à collectif de gens » posée par certains .En fait on en arrive à des comportements de groupes horizontaux avec des discours verticaux.
La « diagonalité » n’est pour moi qu’une provisoire instabilité dans l’attente d’un territoire plus vaste menant à la verticalité ou d’un choix plus clair de l’horizontalité.
Jean-Claude Boyer Avril 2005