Peintres, sculpteurs, plasticiens, photographes, performeurs, vidéastes...
240 artistes travaillant ou habitant à Belleville ouvrent gratuitement
leurs ateliers pendant 4 jours en mai 06.

Professionnels ou non, ils proposent un parcours dans les nombreuses
mouvances de l'art d'aujourd'hui.

http://www.ateliers-artistes-belleville.org/

J’ai aussi découvert friche La Générale
lieu gigantesque!!
+grand que les diables et la breche reunis:
En à peine un an d'existence, La Générale, laboratoire de création fondé
intempestivement dans le quartier de Belleville, s'est imposé comme l'un
des lieux d'élection d'une scène artistique émergente. Une initiative qui,
parce qu'elle bouleverse nos habitudes culturelles franco-françaises, a
valeur d'exemple.

Le 8 février 2005, une poignée d'artistes investissait une ancienne école
située rue du Général Lasalle, à Belleville, emmenés par Vladimir Najman
et André Panibratchenko, qui s'étaient déjà illustrés en animant
l'Impasse, collectif implanté dans le 3e arrondissement - le second ayant
précisément fait de l'activation de lieux de diffusion de la création
contemporaine la finalité même de son travail d'artiste. Le temps de faire
circuler la nouvelle, et les 6200 mètres carrés du bâtiment se trouvaient
vite occupés, en ateliers d'artistes,
espaces de création et d'exposition, de vie aussi, pour certains - autant
de projets qui venaient conférer au lieu, baptisé La Générale, sa
véritable vocation : être moins un îlot de résistance, une zone
d'occupation, qu'un espace de rayonnement. Ce dont venait témoigner, peu
après cette ouverture en catimini, l'exposition Volume I, qui invitait
artistes réputés et inconnus suivant l'un des principes fondateurs du
collectif : favoriser l'échange, cet échange qui, lorsqu'il se déploie
équitablement, annihile tout risque d'autarcie ; et ainsi, faire de La
Générale un lieu de transmission - un « laboratoire de création » où, à
tous les sens du terme, on ne fait que passer.
Depuis, les mois ont passé, avec leur lot de batailles juridiques, mais le
temps n'a pas eu raison de la volonté ni de la bonne humeur de ses
instigateurs - ces « mécanos » de La Générale formant une équipe d'une
centaine de permanents et de volontaires. Entre-temps, une « charte » est
venue poser les principes clés de ce laboratoire : « Invitation, accueil,
partage, diversité, échange, ouverture, égaux. » Et La Générale a acquis
valeur de symbole dans un pays qui - surtout si on le regarde de
l'extérieur, d'Allemagne, par exemple - semble cruellement dépourvu de
toute « culture alternative » - la faute, sans doute, au centralisme et au
« culte de la personnalité » qui régissent le plus souvent les échanges.
Dans le cas présent, l'alternative s'avère, bel et bien, économique: La
Générale ne profite d'aucune subvention et parvient à s'auto-suffire (via
les cotisations de ses membres et les recettes occasionnelles provenant
des bars lors de concerts payés « au chapeau »), jusqu'à financer de sa
poche les travaux de remise en état qui, aux dires de ses détracteurs,
justifiaient l'évacuation du bâtiment. Le nomadisme n'interdit pas
l'engagement, surtout si l'on se réfère à la charte du collectif : «
L'investissement du lieu n'est pas une appropriation mais la construction
d'un espace en débats pour le quartier et la ville, dans la Cité et avec
elle. » Ainsi, La Générale ouvre ses portes aux riverains, mais aussi aux
associations qui en ont besoin, et dont elle se sent proche : le Gisti,
Act'Up, les mouvements de défense des sans-papiers. Il s'agit toujours, en
fin de compte, de « créer des mélanges », comme le dit Vladimir Najman.
Cette démarche pourrait sembler gentiment utopique, d'autant qu'elle
prétend fonctionner en excluant tous « rapports de subordination » et
toute hiérarchie. Pourtant, il n'est que de pousser les portes du lieu, de
discuter avec ses « occupants », pour constater que le collectif est aussi
devenu - puisque le fait d'être sans domicile fixe n'implique pas que l'on
soit irresponsable - une vraie collectivité. Un foyer de dynamisme, une
fédération d'enthousiasmes, régis certes par les impératifs de l'urgence,
la vocation de l'éphémère(1), mais sans que ceux-ci viennent entraver leur
foisonnement, et leur décloisonnement - l'urgence impliquant la
réactivité. Arts visuels, spectacle vivant, musique, photographie ou mode
ont aussi droit de cité, et quel que soit le domaine où ils évoluent, les
créateurs en présence sont également, le plus souvent, des curateurs. Au
rez-de-chaussée, la galerie &nbsp (l'abréviation informatique de l'anglais
nonbreaking space, « espace insécable »), géré par quatre artistes
(Aymeric Ebrard, Thomas Fontaine, Rada Boukova et Elodie Huet), organise
une exposition par semaine. Un autre espace, confié successivement à des
commissaires, résidents (parmi lesquels le sculpteur David Cousinard, la
plasticienne Thu van Tran ou la photographe Julia Varga) ou non (Yann
Chateigné) sur les lieux, accueille des expositions de plus grande
envergure (outre Volumes I et II, citons Je partage votre point de vue,
Plein-pots, Le Retour de la différence.), auxquelles participent aussi des
artistes dont la renommée n'est plus à faire (Agnès Thernauer, Cécile
Hartmann, Felice Varini, Mathieu Mercier, Lili Reynaud-Dewar.). Côté
musique, les Salons 5/6, organisés les 5 et 6 de chaque mois par Juliette
Bineau, ouvrent leurs portes aux musiciens, performeurs ou écrivains
curieux d'expérimenter des formes courtes (moins de 20 minutes). Le même
bouillonnement existe du côté du théâtre ou de la danse, sans oublier tous
les recoins laissés en friche, et réactivés pour quelques interventions
temporaires (telles le projet Enduits). Le tableau n'est pas forcément
idyllique, mais il est exemplaire : La Générale, à force d'ouverture (sur
le monde, plus que sur les mondanités), s'est imposée, toujours par la
grâce du bouche à oreille, comme un lieu où l'on respire.
Exemplaire, car le constat quant à la scène « alternative » parisienne se
révèle plutôt accablant. Avant la fermeture programmée de La Générale,
c'est Public, autre lieu d'élection de la jeune création, qui doit quitter
ses locaux de l'impasse Beaubourg (tout un symbole.) - le propriétaire qui
les leur mettait généreusement à disposition ayant revendu la surface.
Pour des raisons similaires, liées finalement à l'iniquité du marché
immobilier dans la capitale, l'existence de l'association d'artistes
Glassbox, rue Oberkampf, demeure encore précaire, comme le BetonSalon,
ouvert l'année dernière, et qui profite d'un partenariat actif avec son
antenne viennoise. Autant d'espaces exclusivement dépendants des bonnes
volontés de leurs gérants et d'hypothétiques soutiens publics, et qui,
alors même qu'ils ont prouvé leur capacité à mettre en place une
programmation dynamique pour un public toujours plus nombreux, demeurent
trop rares. Le coût délirant des loyers parisiens n'incitant guère à
l'optimisme, il reste à espérer que les pouvoirs publics finissent par
réaliser la vitalité de tels lieux dans l'équilibre du paysage artistique.
Heureusement, à La Générale, on a de l'optimisme à revendre, envers et
contre tout.
Mathilde Villeneuve et David Sanson
(1) Les habitants de La Générale sont expulsables au 30 juin 2006, le
bâtiment étant promis à l'hôpital psychiatrique de Maison Blanche.
Toutefois, au terme d'un ultime round juridique, la Ville de Paris s'est
engagée à favoriser leur relogement.

http://www.lagenerale.eu/