La mentalité progressiste se moque toujours de l’immobilisme.
Compétition sociale et marche forcée vers ce « mieux désincarné » que l’on nous propose, nous imposent des changements continus dans notre vie quotidienne.
Ce « mieux » à venir, peuplé de vide* et de rien*, le tout éclairé par la lumière blafarde et bleutée d’une boîte à image, EST EN ROUTE.
C’est au nom de ce « mieux » à venir, qu’il est décidé de gommer l’alternative, l’autre choix, que propose le lieu dont nous allons faire le tour, en prenant le temps. Une fois n’est plus coutume !
MALHUR …. Un repaire d’ ARTISTES engagés.
D’ engagés tout court … et pas forcément artistes.
Et aussi d’artistes pas non plus engagés.
Tout ce monde cohabite en un lieu qui, de squatt occupé, est devenu friche culturelle nantie d’une convention d’occupation.
MA ? Visitons, on verra bien.
Traversons le jardin sous les platanes, ils ne l’ont pas repeint. Jusque là, tout est normal. Il est luxuriant. Une multitude de verts composent ce puzzle naturel. un poumon que tu ne t’attends pas à trouver derrière le parking à voitures et que nous devons à quelques acharnés de la verdure, dont Anne-Sophie. Belle ouvrage, comme diraient les paysans.
En face, 5 portes qui paraissent toutes « principales ». Je commence par la droite grâce au reggae et aux couleurs qui s’exposent dehors. Je suis dans dans l’atelier collectif. Il se répare ici des vélos des motos, il s’y peint des tableaux, me dit « an old américan painter » DAVIS pendant qu’il continue à gribouiller des petits bonhommes auxquels nous pourrions bien ressembler demain. ROPIET, immigré parisien, touche à tout de génie en devenir, bricole un « GAGAGOG » …. Pour savoir ce que c’est, il faut faire un dépôt d’appartenance au territoire, et tu comprendras ! Certains ne sont pas là, lance un rasta blanc qui passe par là et emprunte une porte que je n’avais pas encore remarquée.
Je l’emprunte aussi, ( il ne va rien en rester si personne ne pense à la rapporter ) c’est un atelier de poterie, j’y aperçois de belles pièces qui donnent envie à la main de s’égarer … pour caresser. C’est le domaine de ZOE.
Une chatte passe par là. Je la suis jusqu’à son domaine partagé avec JERILL l’emploi jeune hyper sympa, accueillant et toujours dispo, que tu trouves devant son portable et derrière son bureau. Nous sommes dans la salle Multi Média, tu peux naviguer NET et mailer en toute liberté.
Une fanfare qui se cherche répète dans la joie et la bonne humeur, dans la pièce d’à côté, dont on me dit que c’est le foyer, endroit où a lieu tout ce qui « rassemble ».
La chatte se signale de nouveau à mon attention, et me fait grimper à l’étage. Les murs servent de vitrine à ce qui se fait ici. Les tableaux sont sympas et méritent le voyage intérieur que tu peux y faire.
A l’étage
ADN ? Association pour la démocratie à Nice. Hou la la … les constants militants qui se cognent les conseils municipaux depuis 10 ans au moins dans le cadre de Vigipeyrat ? Ca sous nos contrées, c’est couillu. Le Schmilblik continue à nous grignoter, mais ça reste couillu. Total respect ! ADN s'inscrit dans la volonté de dénonciation de tout manquement à la démocratie, et pour un exercice plus direct de cette dernière. Elle mène des actions d'information dans les quartiers, tantôt suscitant, tantôt renforçant, le pouvoir de réaction des habitants. Elle rappelle que la rue, les espaces publics, sont des lieux d'expression de la démocratie et révèlent sa force.
Au fond, ça CRIE. …… FORT !
Ah bon c’est une répètition de théâtre ? Et qu’est ce qu’il jouent ? « Lou village »
…. Et ça se situe pendant la guerre ? Non, c’est la metteuse en scène, pour les besoins du coaching .Faut ce qu’ il faut … laissons les travailler ! Nous sommes chez Balin-Balan, les besogneux de la détente. Metteur en scène, comédiens, techniciens, la fine équipe se compose de 11 personnes et distille sa bonne humeur communicative dans les Festivals et « Estivales » (tournée du Conseil Général) qui composent vos saisons culturelles.
Nous sommes ensuite chez PEPINA la juste. Si c’est pas usurpé, on pourrait être copine. Faut voir ! ( Je me dit que ça peut vouloir dire cintrée aussi ! De toutes façons doivent tous l’être un peu ici ! ) PEPINA s’est donnée une mission fort sympathique, elle a entreprit la reconquête de la ville, au son des musiques et danses traditionnelles, qui grâce à elle ne sont plus confinées à quelques irréductibles folkloristes PEPINA danse allègrement sur ses deux jambes, et arrive à bouléguer même les culs de jatte, de plus elle a toujours avec elle sa lanterne magique, prête à illuminer les places des villages de l'arrière-pays avec des images étonnantes, ou des films rares et oubliés…du documentaire à l' expérimentation, aidée en cela par "Lo Peolh Cinema", lui même régulièrement escorté par les balourds chantants de la Roya. Pepina, c'est la fête assurée, d’accord ! Elle sait cependant aussi être sérieuse et efficace, en organisant d'une part des stages de danses traditionnelles (rigodon, tarentelle...), des stages instrumentaux ou de chant et d'autre part la réalisation, le montage et la diffusion de films sur ses thèmes favoris : les initiatives sociales et rurales, les échanges culturels, les particularismes, les traditions, la citoyenneté. Superbe témoignage vivant de ce qui ne se pratique déjà bientôt plus (… ?…): la rencontre, l’échange.
Tu dépasses, Pépina et te voilà … je ne peux pas le croire, chez les FABULOUS BOSINAÏRES. Dans ce si petit espace ? NON ? SI ! A tour de rôle, alors ? En tout cas ça les empêche pas d’être efficaces ! Les « Bousinaïres » c’est 1 formation d’1 vingtaine de percussions et grailles, fortement engagée dans l’idée de RE-APPROPRIATION de l’espace public. Elle réaffirme continuellement son engagement citoyen en participant aux manifestations dont elle partage les revendications politiques, sociales ou syndicales. (nous sommes appelés à les croiser souvent par les temps qui courent) Les Bousins, c’est 1 des composantes essentielles de tout les carnavals populaires indépendants, repas de rue ou fêtes de quartier, que nos latitudes proposent. Ont également créé « L’ECOLE » dans le but de faire découvrir la samba au plus grand nombre.
DIVA, là, mais je dois être dans le coin des stars, j’aurais du demander des autographes depuis 3 portes au moins. DIVA c’est la promotion de spectacles vivants. Un bon exemple : Johanna Piraino, ce petit lot de bonne femme d’une « présence » colossale, qui manie l’accordéon comme peu, et fais vibrer l’ensemble de sa voix monumentale, c’est eux. Tu peux abuser sans modération, de ses impressions musettes, tu ne cours que le risque d’être décoiffé … de l’intérieur. La salle multi-média c’est aussi eux ! ………estimation accueil public ? ………Les 06 Ghetto Crew avec l’aide de PITS, c’est également sous leur enseigne.
Je dépasse. Une salle d’expo et son homme qui prend toute la place et n’a pas l’air d’en manquer. Sacrée impression ! En voilà un qui a l’air d’ouvrir le chemin. Au mur des photos, qui, en quatre suggestions te racontent des histoires. En face un petit dortoir qui permet de loger les intervenants qui viennnent de loin, les artistes en résidence courte qui mènent un projet sur ou avec le lieu, les permanents de garde. A côté une grande pièce qui sert pour des expos, des répétitions. La Sardine a cru bon de faire une rétrospective, et elle étale là, sans vergogne, toutes les cagades qu’elle commet. ( soyons indulgents )
Après la salle d’expo, l’atelier d’un artiste, YOGI dont je ne verrai que le bleu de la porte.
L’homme se fait rare me dit JEAN-CLAUDE de l’atelier d’à côté. Ces asiatiques sont d’une discrétion R-éponge pour ne pas me mouiller, tout en jetant un œil chez l’homme qui me causait. Et là je me trompais ! Je n’aurais jamais assez de toutes les visions que mes 7 misérables vies pourraient m’accorder, c’est à dire 14 yeux pour saisir l’éclectique ensemble. Et je n’entrais là qu’avec un seul œil ! Faudra que je pense à me flageller. J-C pratique avec ferveur : le concoctage d’affiches, la linogravure, les peintures, figurative et abstraite, la sculpture, la chanson, la photo, il écrit pour compléter ce qu’il n’arriverait à dire par tous ces biais.
Juste après c’est aussi un peu moi, et surtout NICOLE me dit le tamponné facétieux et te voilà au GRRR Ici on voudrait élargir les portes de l’avenir, comprendre le monde dans lequel nous survivons au lieu de vivre ; on tâche d’imaginer, d’œuvrer, pour la ré-appropriation : refuser de se soumettre à la marchandise et à la technologie. C’est un groupe de réflexion autour de l’anti-industriel. On t’y démontre gentiment, que nous courrons à notre perte et qu’il serait temps d’inverser la vapeur. Tous les sympathisants qui réfléchissent autour de ça participent activement au mouvement « inversion vapeur ». Ici ils travaillent sur le projet « Jardins ». Wouah ! Résistants, pointus, très fournis en docs tous azimuts.
Anciennement Babazouk (mitik place) l’espace s’est scindé en deux. FRÉDO sur des projets persos, et il n’en manque pas. Là il bosse sur la scénographie d’un petit spectacle dans lequel il intervient également en tant qu’acteur. Il planche aussi sur l’aménagement du lieu, et plein d’autres choses. Il y a ici de belles choses, du naturel : roseau, bois …. le confectionné, même assemblé de bric et de broc, a une âme. C’est reposant.
Je n’ai jamais compris comment il faisait pour supporter la bordélique dont il a hérité pour voisine. Une qui se fait appeler la SARDINE (qu’est ce qu’ils vont pas chercher pour se faire remarquer ). Alors, elle, étrange, je n’ai pas tout compris, mais c’est rigolo. « Ma Fanny rit » un vrai régal . La croix baffeuse … mieux qu’une religieuse fût-elle au chocolat sans graisse. Son miroir approuvé par Médecins du Monde aussi vaut le détour, mais bon elle a pas inventé la poudre !
Ensuite Jim Gérald, l’heureux nouveau papa de la petite Cerise. C’est LUC qui fait vivre l’endroit en ce moment, Luc et son accordéon qui peut te surprendre n’importe où sur le lieu. C’est toujours un enchantement qui suspend un peu le temps. Plus sérieusement Luc est carburologue, (réparations, transformations et peintures de pièces mécaniques diverses) et poly-instrumentiste dans de nombreuses formations musicales et marionnettiste avec la compagnie Manimasc.
François est l’occupant du dernier lieu de l’étage ( tout dépend du sens dans lequel tu arrives d’ailleurs) C’est un créatif fécond, ça se ressent beaucoup sur le site qui grâce à lui est pourvu d’ autant de rues, avenues et places que dans tout Nice réuni. Quand je pense que personne n’a pensé à lui dire merci ! François c’est Cosinus et Géo Trouvetou réunis. Il est à l’origine de ARCAS ( Ass. Recherche Création Artistique et Sociale ) Dans ce cadre il a réalisé la "machine à peindre", la "machine à se tenir debout en ville" et la "machine à faire du bruit" pour déambuler lors de manifestation.
Bon allez, j’enquille sur des escaliers qui ne sont pas ceux du départ, je prends le temps de regarder ce que ces bougres ont « pondu » et « pendu » . Ma foi, il y a de tout ! Je me retrouve de nouveau niveau 0, et là, HAUT LIEU du lieu, comme dans une maison : la CUISINE. C’est ici que se concoctent les nombreux repas collectifs qu’ils soient de programmation ou de circonstance. Des amours ont dûes s’y nouer (les mains d’une femme dans la farine… et contraire aussi ça peut être émouvant) S’y finir aussi peut-être ? (des fois il y a vachement moins d’assiettes)
Dehors un bar adossé au bâtiment. HASSAN emploi C.E.S. sur le lieu, m’y sers un jus de fruit Bio, ici no «Caco », on y tient ! Je me dirige vers le jardin métallique et m’aperçois en cours de route qu’il y a encore un lieu après « the » lieu cuisine, qui est une salle de danse. INGA est un petit bout de bonne femme énergique qui fait plein de choses différentes dans sa discipline. Un genre d’expérimentale ouverte à tout. Elle bosse d’ailleurs avec Mitou que je croise devant la porte et qui me drive au petit théâtre. Tu passes forcément par le jardin, vert et métallique. C’est Pierrot qui est l’instigateur de cette très belle installation en perpétuelle évolution. « L’homme qui marche debout » du petit salon c’est lui aussi. Bravo, Pierrot ! Il partage le petit théâtre avec Mitou, Alain et Richard (le rasta blanc du début de l’histoire). Il démontre à travers son travail, ce qui se trame à partir de matières qui raisonnent entre elles. ( chanvre, bois d'agave…) Il est question de FIBRE, mais aussi l'urgence de recréer des liens humains à partir de la mémoire de matières simples. De « redonner du sens » en respectant la liberté de l'autre. Engageant !
ALAIN fait des robots cyclopes, avec principalement des bielles de motos et il paraît que ça se perd … la belle bielle. Maintenant sont toutes usinées et c’est pas pareil ! Un genre de poésie massive. En plus elles éclairent, et tu obtiens l’Art éclairé.
RICHARD lui, fait de tout, version Pantaï. Là il bricole, fignole deux étagères pour chez lui. Il fait aussi des genres d’attrape-rêves à l’Indienne, plumes, perles bois ficelle tout lui vient bien. Il est aussi de toutes les soirées, un incourtournable irréductible.
MITOU me montre son/ses coins. Elle aussi c’est une multi polyvalente débrouillarde. Elle gravure sous multiples formes, routières, pédestres et autres. Elle danse avec Inga, elle brasse « fripe astucieuse ». Est à l’origine de ART’S FACT dont le but est de mobiliser les créateurs sur les possibilités de s'insérer, d'une manière originale et féconde, dans le vide artistique des écoles, de générer la réflexion sur les systèmes financiers d'exposition des œuvres ainsi qu’une dynamique satisfaisante pour les artistes. Elle conseille efficacement, sur tes problèmes existenciels d’Artiste, et de plus Marie-Claude sa frangine fait de superbes photos… de sacrées traces !
Décidement ce lieu …c’est une histoire de famille ?
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J’allais oublier la dimension souterraine du lieu, quand tout à coup, je vois quelqu’un ressortir avec un panier de légumes comme je n’en trouve plus chez mon épicier. C’est la cave. Tu peux venir y chercher ton marché si tu as pris soin de souscrire auprès de MOUNTA CALA VAÏ…. Un genre de bio-bonheur à portée de mains… Bonheur qui nécessite quand même, que certains se décarcassent et mériterait de faire des émules convaincus. ( mais bon à la télé on ne t’en cause pas, c’est sûr Arthur )
Tu peux aussi faire de la musique à la cave, (dans un autre petit espace, séparé des légumes que paraît-il ça perturbe ?) sous réserve de trouver une tranche horaire en t’arrangeant avec YANN.
KATIA est portraitiste. Elle concocte ses photos en sous-sol, dans un labo situé sous la cuisine. Ca n’enlève rien à sa vision des choses, le côté sous-sol. Elle travaille sur des procédés de développement artisanaux, et engage, grâce à ses clichés, à la réflexion sur le temps et la trace ..( Posons nous la question : quel temps nous donnons nous ? )
Le tour ne serait complet si nous oublions, ceux qui ne sont plus là : Babazouk et ses pertinentes impertinence et ses articles en niçois.
Les K’GOLS……..
Alors, c’est vrai ! Ici, on a un peu arrêté le temps, et on refuse un développement outrancier et superflu. Je m’aperçois que c’est au profit de la QUALITE. Toutes les qualités. Celle des rapports humains (qui font que nous nous situons bien dans cette catégorie : les humains), celle de ce que tu mets dans ton assiette, celle dont tu te nourrirais la cervelle…. sans te ruiner pour autant. J’adhère, je soutiens et je lutte pour que ce qui est né ici, continue à bénéficier d'un lieu et de liens, pour " grandir " et s'affirmer . NOUS défendrons âprement, ce que nous sommes et défendons.