Octobre bleu 2003. Ce serait donc le dernier... ?
Traces…
Grands centres urbains, banlieues dortoirs, campagnes industrialisées ou muséifiées, dévalorisation des réalisations humaines au profit d'une supposée perfection plus grande du travail mécanisé, transformation des oeuvres et des cultures en biens consommables et périssables pour l'industrie des loisirs et de la culture... Voilà les conditions générales et dégradées de nos vies.
Les refusant, nous avons ouvert dans cette ville un chemin qui nous a conduit(e)s ici, sur ce site auquel nous avons redonné vie en donnant du sens à la nôtre. Nous avons vaincu l'isolement, construit les conditions pour un art vivant et posé les jalons pour transformer la survie en vie dans ce lieu de respiration et de retrouvailles avec un temps ailleurs révolu.
Rencontrer "pour de vrai" les autres. Apprendre d’eux et leur apprendre. Apprendre l'écoute, apprendre la parole. Devenir ainsi différent(e)s et plus riches. Se connaître mieux soi-même. Libérer notre folie. Décider chacun(e) sans hiérarchie. Expérimenter notre désir et notre pouvoir de liberté. Libérer la création dans les domaines les plus variés. Se réapproprier de l'espace, un morceau de cette ville confisquée, la nôtre et pourtant étrangère.. Rendre ainsi nos vies possibles à Nice. Se réapproprier aussi le temps. Marcher vers l'autonomie et contre l'artificialisation de la vie. Espérer la contagion, c'est ça, contaminer cette société mortifère pour, étrangement, nous sauver et la sauver. Se sentir d'une communauté et revendiquer le "délit d'humanité".
Ainsi ce qui est né ici est une forme particulière de combat, un combat sans volonté de tuer, un combat pour la vie et comme la vie ne saurait être marginale, nous ne saurions être des marginaux.
Nous ne sommes pas allé(e)s au bout de cette expérience. Nous n'avons pas envie de repli et de citadelle. Il est vrai que nous avons construit un refuge mais aux portes ouvertes parce que nous ne saurions nous contenter de ghettos. Qu'à Nice la vie gagne !
Nicole Cardinali