Alexandre communément appelé  Sandrou c’était mon grand-père d’Aveyron.C’était un homme rond plutôt petit.Pantalon de velours noir retenue par une large ceinture de tissus ; chemises à carreaux sur un gilet avec montre à gousset ; chapeau feutre ou casquette.Moi je le connaissais bien, j'allais tous les ans depuis ma naissance chez mes grands-parents paternel.Je connaissais moins mes grand parents maternels venus de Calabre l’obstacle de la langue sans doute ils ne parlèrent jamais français .Maintenant c’est moi le pépé nouveau ça m’incline à penser à sa trajectoire et à lui tirer le portrait avant de tout oublier. Je me souviens de la serviette géante du pépé d’Aveyron sorte de drapeau de rallye avec petits carreaux qui couvrait son large poitrail. Il s’installait à table pour une éternité à manger des choses qui lui étaient réservées. Il avait été meunier sur le Lot éduquant ses deux petits comme deux poules d'eau les confrontant au danger des rivières et à leurs richesses. Il les avait jetées à l'eau tout petit pour qu'il sache faire face, il fallait qu'ils soient préparés. Dés tout petits les jumeaux dont l'un est mon père dans leur lit de tout petits entendaient la puissante rivière s'écouler sous les planches mal jointes du plancher de leur chambre à coucher.

Mon grand-père fut aussi scieur de long .ma grand-mère Léontine, son chignon et son décamètre à ruban.Elle tentait de mettre Alexandre son mari au travail avant 11 heures du matin.Je me rappelle qu’on se chauffait avec les escoudatches : l’écorces et le peu de bois qui restait autour récupération des découpe en planches et en poutres des troncs geants.On y chauffait le repas sur la cuisinière à bois le canard cuisiné à la graisse de porc et au lard ; le sanquet de sang de canard et la pascade aux œufs frais.Mémé récupérait soigneusement la graisse après chaque cuisson dans des pots en terre cuite ; la graisse se figeait avant réemploi. On y chauffait l’eau dans un compartiment spécial avec gros robinet chromé pour se laver dans la bassine au milieu de la cuisine. Je me rappelle mon émotion d’enfant  d’avoir surpris mémé Léontine qui se levait très tôt les pieds dans la bassine se lavant par morceau le chignon défait ses magnifiques cheveux d’ordinaire si sages dévalant ses épaules…Levant ses yeux bleus étonnés de me voir debout si tôt le matin.

     Mon grand-père fut aussi électricien qu'il portait dans sa musette le matériel nécessaire à faire une installation électrique de l'époque: un rouleau de fil tressé de coton, quelques commutateurs de porcelaine, trois tubes à l'intérieur goudronné. Souvent il fallait aller le pêcher dans un caniveau. L'homme était bourré comme un coing. Le caniveau semblait être à cette époque le lit naturel des ivrognes.A cette époque on pouvait dormir où on tombait La biture était la forme supérieure de l'orgasme.

Il faisait aussi s’occuper du champ de fraisier à Patac. À la saison je me rappelle des jeunes filles le dos courbé qui cueillaient dans le champ en pente devant la maison.C’était plutôt le travail de ma mémé,  Mon grand-père lui y nourrissait les poules de Patac dont certaines finirent par crever la faim. Il fallait traverser le village avec le grain dans un petit sac de café récupéré et comme il s'éternisait dans les bistrots qui jalonnaient le trajet il  finissait au caniveau... Quand ses jambes ne le tenait plus il versait les grains encombrants façon petite  poucet sur son zig zag de chemin.

Quand j’eus dix ans comme je dormais dans la chambre humide du bas qui donnaient sur la souillarde la réserve aux frais car elle était adossée à la montagne c'est là que mûrissait le vin dans des barriquous où pendaient les vessies de porc gonflées , les mandolines et les pâtés. Ca sentait le lard rance. Et la nuit les rats passaient entre les bouteilles vides entreposées à la conquête de lard luisante et ça  faisaient tinter les bouteilles d’un ding ding qui me réveillait en sursaut. J'avais un gros bâton et je frappais de toutes mes petites forces d’adolescent le plancher de bois pour faire reculer les rongeurs envahisseurs. Jean-Louis me compta plus tard que chez lui on trempait un rat vivant attrapé dans un piège dans du gasoil n'y mettait le feu et que la bête enflammé dissuadait les autres rats que l'on ne revoyait plus que dans six mois. Mais de toute façon le pire s'était mon grand-père : il descendait la nuit il se couchait sur le plancher pour siphonner la barrique de vin avec un tuyau de plastique. Quand il avait bien bu qu'il tentait de se recoucher en remontant l’escalier de bois. Mais il tombait sans cesse maugréant et jurant le monde entier jusqu'à ce que ma grand-mère Léontine lâche son « pute d’Alexandre ; mon cochon qui ne peut plus monter ». Elle finissait par venir l'aider à se hisser jusqu'à leur chambre. C'était un homme respecté fêtard généreux surtout avec les autres.Je me rappelle de la guirlande lumineuse florale qu’il avait offert à l’église pour illuminer la sainte vierge .Le curé le remerciait régulièrement durant l’office ce qui avait pour effet de réveiller mon grand père qui ouvrait un œil puis il se rendormait en ronflant. Il rendait rendre service il aimait les conversations de bistrots l’ivresse et la fête.