Peut-on seulement penser qu'un artiste ,par définition libre, puisse ne pas être formaté par son éventuel acheteur ; peut-on seulement penser qu'un artiste, par définition libre, puisse ne pas être lissé par une censure subtile presque invisible, par des gens qui font minent de tout accepter, d'être libéral et moderne: des gens de pouvoir qui vivent en réseau puissant et qui s'auto valident, qui n’accordent leur label qu'à ceux qui rentrent dans leur jeu et se soumettent à ce qu'on pourrait appeler les nouvelles règles: pas de vagues, les artistes fabriquent des produits que l'on peut et que l’on doit maîtriser comme une marchandise mais avec subtilité en sauvant les apparences d'une pseudo liberté bien maîtrisée. Ils ont pour cela à leur service: la presse, la drac, les lieux d'exposition et de vente, la télévision qui font et défont l'opinion sans difficultés. Quand on voit que le système d'information a décidé à l'avance des deux candidats convenables obligatoires qu'il voudra voir s'affronter pour les futurs élections présidentielles... formater des artistes en refusant ceux qui n'entre pas dans ce jeu et ne se soumettent pas, est pour eux un jeu d’enfant.
L'idée qu'un artiste talentueux puisse être recherché pour être exposé pour la seule valeur de son expression ou de ses recherches par des amateurs d'art est de nos jours malheureusement impensable voir risible.
Un artiste ne réussit que s'il drague habilement ceux qui ont les cordons de la finance publique ou privée et s'il a infléchi ces pratiques à la mode et à l'acceptable du moment de l’acheteur.
Comment dans ce cadre figé, aux jeux plus que pipés, soutenir la nécessaire innovation, la courageuse subversion moteur du changement social, la divine surprise victorieuse sur l'ennui. Comment les artistes peuvent-ils être l'émanations des peuples , expression fidèle de leurs désirs, vecteur de nouvelles formes, de nouveaux sons, de nouvelles images et non pas "ce machin" que l'on rencontre souvent dans nos musées qui est coupé de la population et n'est plus qu'un amusement stérile pour initiés. La nécessité du renouvellement de l'art passe par l'obtention au profit de la masse du luxe suprême c'est-à-dire de l'ESPACE pour les personnes désireuses d'avoir des pratiques artistiques et d’échanges ; ces espaces "d'entrée en poésie" devraient être donnés, prêtés, loués par l'État par les Régions par les Villes. Les diables bleus si on les prend en exemple c'était avant tout de l'ESPACE pour tous, pour être seul dans le travail, pour être avec les autres en groupes restreints ou en nombre pour être enfermé dans un lieu de réflexion, pour être dans un jardin avec ses amis choisis, pour être tranquille tout seul à l'extérieur sous le soleil ou à l'intérieur,pour être en peripherie et pouvoir choisir d'y aller ou pas,pour pouvoir choisir et mener son activité choisie,pour pouvoir la croiser avec les autres activités et l'enrichir en faisant jouer "cette fertilisation croisée" qui favorise l'émancipation humaine par la création et l'échange, la rencontre et le plaisir.Et ça a donné une expérience unique et riche sur cinq belles années. Laisser les dynamiques naturelles vivre, les encourager, voir les financer, sans essayer de les écraser parce qu'on ne peut pas les récupérer dans le système qu'il soit politique ou économique pour les diriger, tout celà devrait être une des préoccupations prioritaires des élus de la nation. On se préoccupe tant et à juste titre de paix civile et de la sécurité renforcée. Comment y arriver dans un monde cloisonné où l'on fait tout pour isoler et enfermé, formater les gens dans des maisons à écrans multiples. Ces lieux de rencontre, d’expérimentations et de lien social sont une solution à l'ennui généralisé et à l'absence de communication réelle qui débouche sur la violence urbaine. Et ce serait un nécessaire renouvellement du système artistique.