Caryotypes
Gènes venus des temps anciens, gènes transmis, gènes mêlés des caryotypes, sarcophages et momies, chairs embaumées parentales, poussière de sable, sabliers qui s’égrènent et comptent les temps qui restent, si peu de temps avant la fin, la fin des temps, la fin…
Pyramides et puits où se mêlent les visages, visages que nous fûmes, visages que nous sommes, visages évanouis dans l’eau troublée. Onde de pierre qui s’étale. Éclatent les miroirs. Brisures. Tombeaux.
Ce monde beau, ce monde repoussant, ce monde où nous sommes, ce monde qui bascule… Héritage. Quel héritage ? Qu’allons nous laisser ? Allons-nous laisser ? Dévastation. Espoir cramponné. Cet espoir qui s’agrippe à moi malgré tout. Cet espoir hérité d’un temps où l’espérance n’était pas folle. Cet espoir en héritage, comme ces gènes… gènes transmis, gènes mêlés des caryotypes. Nul ne peut être réduit, déterminé, par l’héritage. Le poids de l’héritage. Libre. Liberté à conquérir. Liberté jamais offerte. Guerre contre soi pour soi. Ce bleu, tout ce bleu, comme une mer originelle. La mère. Ce bleu, tout ce bleu, comme ce ciel qui m’aspire. Ces nuages. Cet éclat. Ces miroirs. Reflets. Derrière les miroirs. Déjà derrière.
Et vos regards qui me traversent sans me voir, vos yeux fermés-ouverts. N’éteignez pas vos yeux ! N’éteignez pas la Terre !
Vous êtes ceux et celles d’après. Il vous reste à tracer le chemin pour devenir ceux et celles d’avant, pour passer l’héritage. L’héritage de ces gènes venus des temps anciens et la force de se libérer de l’héritage. Vous êtes ceux et celles d’après. Promesse. Force de la promesse. Saurez-vous être ceux et celles d’avant ?
Et vos regards qui me traversent sans me voir, vos yeux fermés-ouverts. N’éteignez pas vos yeux ! N’éteignez pas la Terre !
Nicole Cardinali – avril 06